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Seul dans une vaste pièce très richement décorée, il regardait ses jardins et Paris qu’on allait bientôt se disputer à l’épée, et peut-être au couteau et à la hache.

Il ne portait point son masque d’argent. C’eût été dangereux, ici, où il donnait si bien le change.

Bien qu’il fût de la plus haute noblesse, son visage reflétait parfois grande veulerie et, sans son riche habit, on l’eût volontiers pris pour un homme des plus ordinaires.

Il demeura un instant songeur : princes de sang, princes de l’Église, haute noblesse, parlement et lie du peuple, qu’ils s’étripent ! Que, pour contrôler un pouvoir qui ne l’intéressait plus que par instants, tous ces fous fassent couler des rivières de sang en les rigoles des rues… ainsi, le sang qu’il versait, lui, passerait inaperçu.

Tout ce sang !… Dieu, qu’il en coulait de tous ces jolis corps écorchés !

Il fut pris de tremblements et s’agenouilla devant un petit autel où, sur un fond d’un bleu pastel délicat, un Christ en croix d’un ivoire très pur semblait le regarder avec grande pitié.

Oui, il se sentait pitoyable. Bien davantage victime que bourreau. Était-ce sa faute, tout cela ? Cette envie qui le prenait, insidieuse, à la vue des beautés magnifiques qui paradaient à la Cour : madame de Longueville, sœur du grand Condé, madame de Chevreuse, madame de Montbazon, Anne de Gonzague princesse Palatine et combien d’autres ?

Une cheville entr’aperçue, des hanches qui tanguent, il n’en fallait pas davantage pour qu’arrive cette étrange et inexplicable envie : posséder puis écorcher la femme désirée. L’écorcher, peut-être, pour la punir de s’être fait désirer et pour que personne ne la possédât jamais plus après lui.

L’horrible racaille qui le servait connaissait bien ses goûts : brunes ou blondes, on devinait dans leur regard terrorisé à l’instant suprême qu’en temps ordinaire il n’en était pas ainsi. Toutes les cinq, elles avaient dû toiser les hommes de haut sachant bien qu’il n’est de meilleur remède pour provoquer le désir du mâle.

Il sourit. Le désir ! Mais le désir, quelquefois, suit de curieux chemins et évolue d’étrange façon. Ainsi, du désir de posséder passait-il au désir de dominer, puis d’humilier, de tuer, d’écorcher !… Que ne pouvait-il faire à ces femmes comme à ces lapins dont on retire la peau d’un geste sec !

Il joignit les mains.

— Fou !… Je suis fou !… Pardon, mon Dieu, pardon !

Cinq. Cinq femmes en six mois.

Comment lui était venue cette terrible idée ? Peut-être avait-elle pris forme avec les débuts de la Fronde du parlement et des désordres qui ne cessaient d’en découler.

— Pardon, mon Dieu, pardon !

Il ferma les yeux un instant, puis se cabra.

Pardon de quoi, au fait ? D’y prendre un tel plaisir ? Et pourquoi donc faudrait-il demander pardon pour le plaisir, la seule chose qui vaille dans la vie ? Pourquoi ? D’où venait pareille idiotie ? Pardon ? Pardon de rien !

Ivre d’une soudaine colère, il se redressa d’un coup et pointa un index tremblant vers le Christ en croix.

— C’est toi !… C’est ta faute !… C’est toi, l’ennemi !

Il cracha sur le crucifix et son doigt impatient chercha sous une moulure un bouton secret qu’il pressa aussitôt.

Il entendit un déclic, un mécanisme joua et tout un pan de mur bougea. Le Christ d’ivoire, les objets sacrés et leur fond bleu pastel disparurent en un parfait demi-tour.

L’homme sourit.

— Nous voilà enfin chez nous, foin des simagrées !

Le décor avait changé. Au fond d’un bleu si tendre succédait un noir charbonneux. Autour d’un autel rouge feu se voyaient différentes choses plus propres à inspirer la terreur que la piété : crânes humains dont l’un était encore coiffé d’un effrayant casque à nasal ; chauves-souris crucifiées avec des clous en or ; bocal où nageaient des yeux de sorcières enucléées par des bourreaux corrompus avant que d’être brûlées vives ; fioles contenant étranges liquides où dominait la coloration violette.

Deux statuettes de haute facture ornaient le centre de l’autel. En la première, posée sur épaisse couche de poudre d’or, se reconnaissait Satan, le corps nu et noir, le sexe démesuré et dressé, qui tenait un sablier à la main et semblait l’attendre avec air de grande bienveillance. Deux rubis d’un rouge très intense figuraient les yeux.

L’autre statuette était de plus d’importance aux yeux de l’Écorcheur au masque d’argent car elle était installée sur un tapis de diamants d’une absolue pureté et d’inestimable valeur.

— Plus précieuse que le diable lui-même ! dit l’homme en souriant et en tentant de refouler son désir.

La seconde statue représentait une femme. Une très jolie femme, nue, jeune, très brune, la poitrine haute, la taille fine, les hanches larges et le visage altier. Une jambe légèrement fléchie, l’autre très droite, donnaient à la pose une allure cambrée très provocante qu’accentuait une main sur la hanche. De l’autre main, la femme brune tenait des ciseaux d’argent et coupait le sexe d’un homme, lui-même, la minutie du travail ne laissant le moindre doute à ce sujet.

Un travail magnifique.

C’était grand dommage, mais l’artiste qui avait exécuté les deux statuettes, un tout jeune Calabrais de grand talent, n’avait pas survécu dix minutes à la livraison de ses chefs-d’œuvre.

En dessous, sur une tablette en marbre de Carrare, reposaient deux coffrets de tailles inégales.

Le premier, en argent massif incrusté d’émeraudes, attirait davantage le regard. L’homme l’ouvrit et observa pensivement le masque d’argent magnifiquement travaillé et poli, soigné jusque dans ce manque d’expression qui lui donnait un aspect si terrifiant lorsqu’il s’approchait de ses victimes.

Cette fois encore, l’orfèvre de génie qui avait réalisé cette merveille artistique était trépassé de mort violente quelques minutes après avoir remis ce joyau à son actuel propriétaire.

Celui-ci referma le couvercle et passa au coffret suivant, d’une largeur et d’une longueur comparables à celles d’une main de nouveau-né.

Un objet étrange, exécuté au XIIIe siècle par un artiste inconnu. Entièrement fabriqué avec des os humains, la merveille résidait en cela que vis, chevilles, tenons et mortaises qui assujettissaient l’ensemble, avaient eux aussi été travaillés dans l’os avec une minutie qui laissait stupéfait.

L’homme ouvrit le couvercle et considéra avec gravité la poudre grise que renfermait ce singulier coffret.

Il était sans doute le dernier être vivant à connaître la nature de cette poudre d’aspect si banal. Des années de recherches dans les grimoires et autres archives royales auxquels seul son rang lui donnait accès pour aboutir à ceci, cette boîte oubliée de tous ! Ah, ils pouvaient rire, à la Cour, de ce qu’ils considéraient comme aimable marotte en laquelle ils ne voyaient guère malice ! Il n’empêche, elle était là, la toute-puissance !

Ils pouvaient bien s’entretuer pour le trône de France, il aspirait, lui, à davantage : gouverner la terre et le ciel par l’entremise des forces des ténèbres.

Il mouilla son index et l’approcha de la poudre grise. Quelques fragments adhérèrent au doigt qu’il porta à ses lèvres avec délices.

Ces cendres, et voilà ce que tous ignoraient, avaient été recueillies sur le bûcher refroidi où, sur ordre de Philippe IV le Bel, Jacques de Molay, dernier Grand Maître du puissant Ordre des Templiers, avait été brûlé vif.

Il leva les yeux vers le ciel de l’autel et y considéra quelques symboles gravés dans la pierre d’anciennes Commanderies du Temple desquelles ils avaient soigneusement été arrachés : étoiles à cinq ou six branches, roue solaire, ancre renversée, croix celtique, croix tréflée percée de cinq trous – les cinq plaies du Christ – et, plus singulier encore, une croix pattée sur laquelle le ciseau de l’artiste, un de ces « Moines Rouges » désignés à la haine du peuple, avait inscrit une croix en un double cercle, représentation de la triple dimension de l’homme.

Il soupira.

L’ennui, c’est-à-dire la plus impardonnable des fautes de goût, le guettait.

Il fallait corser l’affaire, prendre de nouveaux risques. Ainsi, ces jeunes et jolies paysannes que ses hommes de main, soldats aguerris, enlevaient dans les campagnes, c’était trop facile, à la fin. De telles disparitions qui, en haut lieu, s’en souciait ? Et les corps dans leurs cercueils de verre qu’un de ses hommes, déguisé en paysan, parvenait toujours à briser d’une pierre habile sous les acclamations du bas peuple, que prouvaient-ils ? Le verre cassé n’existe plus, les cadavres écorchés ont pu l’être par des loups ou d’autres bêtes sauvages.

Il fallait tout changer !

Il fallait de l’audace en ces affaires !

Prendre le risque de laisser intacts les cercueils de verre, pour commencer. Ensuite, choisir des victimes d’un tout autre rang. Des épouses de bourgeois, par exemple. Ou de petits nobles sans importance.

Et puis il fallait des victimes plus proches, par leur aspect, de cette jolie femme brune qui…

Il leva les yeux vers la statuette où la grande et belle femme brune, des ciseaux d’argent à la main, lui ôtait à tout jamais sa qualité d’homme.

Il sourit en murmurant :

— Pénétrer une femme même avec grande douceur est acte de violence. Au fond, elles veulent toutes nous le faire payer. L’amour est violence et haine. Mais ma violence et ma haine sauront montrer plus grande force que la leur.

Il avait conservé les gravures sur lesquelles le jeune artiste calabrais travailla avant de porter son choix sur cette femme, traçant une croix à peine visible au bas de la feuille. Or lui-même, par un hasard étrange, négligeant la cinquantaine d’autres gravures, avait choisi la même femme qui l’inspira aussitôt !

Inspirer, c’était bien peu dire !

Il s’en voulait d’avoir si rapidement fait mettre à mort l’artiste calabrais. Qu’avait-il dit, au juste ? Il courait les rues de Paris, y remarquait les jolies femmes et, les suivant, découvrait leur maison. Il lui était facile, après cela, de croiser de nouveau leur route puis de fixer leurs traits.

Mais celle-là, celle-là entre toutes les autres, la seule véritable femme de la création, qu’en avait dit le Calabrais avec son horrible accent ? Elle habitait Paris. Elle était belle, brune, épanouie et approchait la trentaine. Elle marchait comme une reine et ne semblait point se rendre compte de sa grande beauté : voilà qui restait bien vague !

L’Écorcheur considéra attentivement la gravure.

Sans doute les habits de l’objet de ses désirs indiquaient-ils une femme d’une condition supérieure à la moyenne du peuple. Peut-être l’épouse d’un apothicaire, d’un procureur, mais point d’un gentilhomme.

Tant mieux, les choses seraient plus simples !

Car un plan prenait forme en l’esprit de l’Écorcheur. Ce dessin, il le ferait reproduire dix fois, cent fois, et ses agents pourraient alors utilement parcourir la ville. Peut-être ne retrouveraient-ils jamais – il voulait à peine y penser ! – la trop belle inconnue mais au moins pouvait-il espérer qu’on lui amènerait des proies ressemblant à son modèle adoré.

Voilà, ainsi serait-il fait.

Et sans trop tarder car de nouveau lui venait l’envie d’une femme entre ses bras, une femme palpitante de vie et tremblante de peur. Une femme qu’il posséderait et dont il saurait qu’il inciserait cette peau si douce et si satinée sous la main.

Il allait lancer son cocher sur l’affaire.

Ce cocher n’était qu’un monceau d’ordures, un porc cupide qui servait le Mazarin et combien d’autres encore ! Mais nul ne le payait mieux que lui et, malgré les apparences, il savait en être le seul et véritable maître.

Un cocher, c’est peu de chose. Mais un cocher qui fut en réalité marquis, voilà qui devenait plus singulier.

Il appuya sur le bouton secret et l’autel démoniaque disparut au profit du « Catholique », celui qui apparaissait aux yeux des visiteurs rassurés sur la piété de Monseigneur.

Puis il appela ses gens et leur ordonna d’aller quérir, le plus discrètement du monde, son fameux cocher, le marquis Jehan d’Almaric.

Et, dans cette attente, il frotta ses doigts les uns contre les autres, comme on le voit faire des mouches avec leurs pattes.

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